Si la beauté de leur plumage nous ravit et si la splendeur de leur vol nous éblouit, pour réellement apprécier les oiseaux il faut aussi comprendre comment ils voient le monde qui les entoure. Leurs yeux, qu’il s’agisse de mise au point, d’évaluation de la perspective et de perception des couleurs, résultent d’une adaptation parfaite et nécessaire pour se nourrir, éviter les prédateurs et manœuvrer à travers les dangers.
Comparés à nos yeux, et à ceux de la plupart des autres mammifères, ceux des oiseaux leur assurent une meilleure et plus complète vision des couleurs, une plus grande profondeur de champ et une mise au point plus rapide. Toutefois, la plupart des oiseaux ne peuvent pas bouger leurs yeux, ils doivent plutôt tourner leur tête. Si leurs yeux sont placés de chaque côté de la tête, leur champ de vision est vaste – ce qui est utile pour détecter les prédateurs. Inversement, les oiseaux de proie ont généralement des yeux qui regardent vers l’avant, ce qui leur assure une vision binoculaire permettant d’évaluer avec précision les perspectives et les distances.
Tels ceux des humains, les yeux des oiseaux ont deux sortes de récepteurs de la lumière, les bâtonnets et les cônes. Les bâtonnets, sensibles à de faibles intensités de lumière, favorisent la vision nocturne mais ne détectent pas les couleurs, alors que les cônes détectent les diverses couleurs (ou longueurs d’onde) de la lumière. Chez les oiseaux diurnes, 80 % des récepteurs peuvent être des cônes, tandis que les hiboux nocturnes n’ont quasiment que des bâtonnets.
Alors que les humains ont trois sortes de cônes, la plupart des oiseaux en ont quatre dont le rôle est amplifié par une gouttelette d’huile colorée qui agit comme un filtre et leur assure une perception et une différenciation accrues des couleurs.
Chez certaines espèces d’oiseaux le type de vision, ses caractéristiques et son acuité, résultent d’une adaptation spécifique à leur habitat naturel et à leur alimentation. Ainsi, les cônes des oiseaux de mer, qui scrutent l’eau du haut des airs pour y détecter les poissons, possèdent des gouttelettes d’huile dont la pigmentation est plus intensément colorée que chez d’autres espèces.
Les cônes rétiniens de certains oiseaux contiennent un pigment visuel qui, absorbant la lumière ultraviolette, améliore leur vision de cette partie du spectre. Cette sensibilité aux ultraviolets, que nous ne possédons pas, peut être utile à leur accouplement car ils sont dotés de plumes aux motifs visibles dans cette lumière. Les mésanges bleues mâles, par exemple, exhibent durant la parade nuptiale une zone de leur corps qui réfléchit les ultraviolets.
La nourriture peut également être détectée grâce à cette sensibilité aux ultraviolets. La surface cireuse de nombreux fruits et baies réfléchit la lumière ultraviolette. On pense aussi que les traces d’urine et les déjections des rongeurs, qui réfléchissent les ultraviolets, permettent à certains oiseaux de proie de les localiser.
Chez les oiseaux, la vision est le sens le plus important. Il n’est donc pas surprenant que leurs yeux soient, proportionnellement à leur taille, plus grands que ceux de tous les autres animaux. La prochaine fois que vous lèverez les yeux vers un oiseau, essayez d’imaginer comment il vous voit!
Image: JillLang